"Il n'y a pas de fumée sans feu..."
Réveillée au lendemain du 21-avril, la jeunesse s'est réveillée de ses
douces illusions. Mais sera-t-elle au rendez-vous l'année prochaine ?
Un soir d'avril, sans y croire, la jeunesse zappe entre deux émissions de télé-réalité et voit le profil du leader de l'extrême-droite au second tour des élections présidentielles.
Dès le lendemain des milliers de jeunes descendront dans les rues, pour
battre le pavé, dire non à l'extrême-droite et signifier que leur premier vote se fera contre le candidat du Front National.
Des milliers de jeunes se sont alors engagés dans des organisations
politiques, associatives, syndicales, altermondialistes ou
humanitaires. Mais l'orage était passé, rien ne pouvait changer le
cours des élections et le constat est là, une autre partie de la
jeunesse (silencieuse) s'est rendue aux urnes et avaient voté en masse
pour Le Pen.
L'année suivante, l'unité nationale se refait une
beauté avec l'opposition de Chirac à l'ONU contre le belliscisme de
Geoges Bush. Grand soir et petit matin qui déchante, la guerre n'a pas
été évitée et la réforme des retraites a commencé l'oeuvre de
destructuration de la solidarité intergénérationnelle, les coups dans
le dos de la jeunesse se font sentir. La réforme des universités
françaises ne répond pas au malaise croissant des jeunes étudiants et à
l'hémoragie de la recherche.
Début 2005, de l'huile jetée sur
le feu, les Ministres de l'Intérieur et de l'Education Nationale
décident conjointement de contrôler les jeunes lycéens à la sortie des
écoles, une provocation sans lendemain ? Prémice d'autres levées de
boucliers, les jeunes descendent dans la rue pour s'opposer à une
réforme de l'éducation nationale, l'école ne sera plus, le lieu de formation du futur citoyen mais le lieu de formatage de l'adolescent vers la machine-outil.
La préparation des lycéens à l'entrée à la fac coûte trop cher, les
Travaux Personnels Encadrés, souvent critiqués et à peine mis en
application sont supprimés, les écoles, collèges et lycées sont vidés
de leurs emplois-jeunes. Les jeunes s'opposent aussi au projet de
réforme du bac établissant le contrôle continu, qui ne fera
qu'accroître les inégalités entre établissements, victoire en demie-teinte,
la réforme de l'Education Nationale passe, le bac est sauvé, la fin mai
approche un autre événement bouleversera la politique française.
Remonté
contre l'ultra-libéralisme, accompagné d'une mondialisation à plusieurs
vitesses, où les capitaux se déplacent de pays en pays, préférant ceux
du nord à ceux du sud, où les marchandises ont plus de facilité pour
entrer dans un pays qu'un individu, dans un monde où les critères de
protection sociale sont devenu des excuses de délocalisation, les français ont rejeté un traité constitutionnel qui offrait plus de garanties aux capitaux qu'aux travailleurs, la jeunesse hésite.
Elu
sur le thème de l'insécurité, le gouvernement en place, n'arrive pas à
masquer l'échec de sa politique basée sur le répressif et en novembre
2005, méprisés, insultés, frappés, des jeunes lycéens qui
n'ont plus rien à perdre et qui ne croit en rien, embrasent leurs
quartiers à coup de cocktails molotov. La réponse miracle
passerait par le travail, avec un contrat qui ne considère pas le
travailleur comme un être humain et social mais comme une variable
d'ajustement. Le Contrat Première Embauche présenté en catimini dans une Loi sur l'Egalité des Chances,
sucite l'indignation dans les facs, exite les lycées techniques et
professionnels et agite les lycées généraux. La rue ne gouverne pas,
mais ce n'est pas en refusant le dialogue qu'on gouverne, la contestation prend de l'ampleur, nul ne peut ignorer le débat. Chacun prend sa position, Villepin persiste, signe. Chirac promulge et suspend la loi, il appelle à la désobeissance civile, la Vème République chancelle.
Si
la jeunesse a su se mobiliser durant ses quatres dernières années, la
prometteuse génération du 21-avril s'est résignée. Déçue par
l'incapacité de nos partis républicains à se remettre en question sur
la crise politique que traverse la République Française, la jeunesse se
désolidarise du politique. Aujourd'hui, à vingt ans on sait contre qui il faudra voter
mais le manque d'envergure du projet politique venant de la gauche fait
douter la jeunesse à qui nos politiques ne savent pas faire une place,
les préférant bien sage dans des comités de soutien agitant pancartes
et s'habillant à leurs noms, plutôt que mal habillé et du genre grande
gueule.
La génération CPE ignore-t-elle le danger tapie dans l'ombre ? Toutes les conditions sont réunies pour un nouveau 21-avril, une gauche atone, une droite divisée et en crise; l'extrême droite reste dans un coin observant d'un oeil moqueur la déchéance de notre République.
Citoyens réveillez-vous, prenez en main votre avenir! Faites bouger les lignes, l'avenir se décide aujourd'hui pas dans un an.
texte du responsable fédéral de l'UNL37